A l’approche du solstice d’été, nous partons vers le cercle polaire. Le 21 juin, nous sommes avec le voilier Firiel à Raufarhofn, le port le plus au nord de l’Islande, en dehors des îles. On peut y admirer à cette date, dans un cercle de pierres dressées, le soleil de minuit toucher l’horizon et remonter sans jamais disparaître.
Le lendemain, nous partons pour l’île de Grimsey, au milieu de la côte nord de l’Islande. Cette île est un immense refuge pour les oiseaux marins. On y trouve les macareux moines mais aussi de très nombreuses espèces différentes.
L’île est également traversée par le cercle polaire que nous franchirons donc pour nous rendre au mouillage au nord de l’île. Une bonne partie de la navigation s’effectue dans le brouillard, mais sans autre difficulté. A l’arrivée, nous jetons l’ancre parmi des nuées d’oiseaux.
Lorsqu’on se balade sur l’île, certains oiseaux n’hésitent pas à piquer la tête des promeneurs. Leurs nids sont construits à même le sol et dans les falaises, ils défendent donc leur territoire. Au port de Grimsey, on distribue même des bâtons en carton pour se défendre en cas d’attaque !
Après un nuit au mouillage, nous décidons, eu égard à la météo, d’avancer vers l’ouest. En fin d’après-midi, nous nous préparons à partir mais le bateau, lui, décide de rester là. Le guindeau cliquète, mais ne tourne pas. L’ancre reste bien accrochée au fond pendant que la mauvaise humeur nous gagne.
Nous commençons les premières investigations, allumons le moteur pour voir, vérifions que les relais fonctionnent, etc. Le temps passe. Firiel, à côté de nous, attend patiemment. En désespoir de cause, nous décidons de relever l’ancre manuellement avec le guindeau. 60 mètres de chaîne de 12, c’est long à ramener…
Bref, quand Arthur se met à chasser et que nous finissons de remonter l’ancre à la dérive, l’ambiance n’est pas au top pour ce début de navigation. D’autant plus que l’enrouleur électrique du génois se montre capricieux depuis notre arrivée en Islande. Guillaume l’a déjà ranimé une fois, mais il reste incertain.
Enfin, nous sommes en navigation et nous décidons d’aller directement à Isafjordur. C’est une ville relativement importante sur la péninsule nord-ouest de l’Islande, où, selon nos informations, nous pourrons faire escale au port pour réparer le guindeau.
Après quelques heures de voile, le brouillard nous enveloppe de nouveau. Quand il se lève brusquement au matin, nous apercevons à l’horizon une barrière de glace devant nous. Au début, nous n’y croyons pas. Nous ne pensions pas du tout rencontrer de glace aussi près de l’Islande. Mais plus nous approchons, plus nous distinguons les growlers et plaques de glace dérivantes.
Bientôt cependant, le brouillard retombe aussi soudainement qu’il s’était levé. Nous avançons presque à l’aveuglette. Pour avoir une meilleure visibilité, nous décidons de rouler le génois, à la main car le moteur de l’enrouleur a également décidé de faire la grève.
Puis, c’est un slalom entre les glaçons qui commence à l’aide de la grand-voile. Lorsque la glace se fait très dense, nous allumons un moment le moteur pour nous aider à contourner les obstacles. Enfin, le soleil réapparaît. La glace se fait moins dense, nous pouvons repartir toutes voiles dehors en veillant attentivement.
Nous arrivons à Isafjordur après deux petits jours de navigation fatiguante. Il n’y a pas de place dans le port, mais il reste une bouée devant la ville où nous nous amarrons. C’est parti pour cinq jours de réparation.
Guillaume est bien occupé par le bateau. Avec les enfants, nous alternons entre l’école, la piscine, la bibliothèque et les aires de jeux. Firiel est au mouillage à côté de nous ce qui nous permet de partager quelques bons moments, mais aussi l’expédition au supermarché, de l’autre côté de la baie, pour un complément d’avitaillement avant le Groenland.
Nous rencontrons aussi les équipages de bateaux d’expédition (Atka et Knut) ainsi qu’un couple voyageant en camping-car, ayant vécu et beaucoup navigué à St Pierre et Miquelon et ses alentours, avec lequel nous correspondions en France. Cela donne un apéro à 16 sur Arthur, dans la bonne humeur.
Lorsque le guindeau et l’enrouleur se réveillent sous les doigts habiles de Guillaume, nous partons tester leur fiabilité dans un fjord à proximité. Il faut encore quelques ajustements, mais l’essentiel fonctionne. Il ne reste plus qu’à attendre une bonne météo pour traverser vers le Groenland !