Dernière ligne droite avant l’arrivée !

Depuis notre arrivée sur Terre-Neuve, nous approchons de la fin de cette étape France Métropole – St Pierre et Miquelon. Nous sommes si près, mais pas tant que cela. Terre-Neuve paraît bien petit comparé à l’immensité du Canada. En réalité, l’île est plus grande que l’Islande. Pour la contourner, il nous reste environ 550 milles nautiques à parcourir, ce qui n’est pas rien. Cela représente encore une bonne centaine d’heures de navigation.

Alors que nous brûlons d’arriver et de découvrir ce qui sera notre foyer pour l’hiver, nous avançons laborieusement. Le vent nous manque. Dès qu’il souffle du nord, nous faisons de belles étapes : 80 milles d’une traite lors d’une longue journée ensoleillée, 7 nœuds de moyenne un autre jour. Cependant, chose extraordinaire à Terre-Neuve en cette saison, il fait délicieusement beau. Plusieurs jours de grand soleil sans un souffle de vent.

Le temps s’étire imperceptiblement et presque sans nous en apercevoir, nous restons quatre journées à Catalina dans cette douce torpeur. Les gens y sont charmants. Les belles maisons de bois peint sont bien entretenues, entourée de pelouse et de sapins avec des guirlandes lumineuses autour de leurs terrasses. A l’aire de jeux, les enfants et les ados rient. Les bois et sentiers pénètrent les rues, fondant les habitations dans une nature foisonnante. Au détour des chemins, les myrtilliers et les églantiers ploient sous les fruits.

Tout le monde sourit et salue dans la rue. Ce village, sous le soleil, est une image de petit paradis. Pourtant, l’usine de transformation des poissons a fermé il y a quelques années. Les emplois se font rares. Les gens s’en vont. Une demi douzaine de bateaux de pêche colorés sont encore amarrés au quai. Nous nous étonnons de n’en croiser aucun en navigation. En effet, depuis notre arrivée à Terre-neuve, nous n’avons aperçu ni voilier, ni pêcheur en mer, pas même l’ombre d’un petit casier.

Pour être honnête, ce n’est pas pour nous déplaire, les engins de pêche sont notre hantise dès que la visibilité réduit. La réponse à notre étonnement nous est enfin donné : la saison de la pêche est terminée, tous les chaluts sont rentrés. Nous aussi nous aimerions bien rentrer au port et nous arrêter pour l’hiver.

Nous n’échappons pas aux navigations de nuit. Lorsque le vent souffle, il faut y aller, quelle que soit l’heure. Une fois les enfants couchés, le calme se fait. Ces quarts sont les seuls moments de solitude dans le bateau. Enfin, le temps de penser, de rêvasser. Lorsque le temps est tranquille, rien ne vient perturber ces instants de paix, si ce n’est l’alarme qui vient nous rappeler qu’il faut veiller. A la fin du quart, nous nous glissons avec délice dans un lit réchauffé, tandis que l’autre se lève pour nous relayer. Hélas, la fatigue s’installe vite après ces nuits. Une fatigue qui est notre pire ennemie en navigation. Elle érode rapidement notre patience, notre concentration et notre énergie.

Après deux semaines de cabotage, nous nous arrêtons à St Lawrence, à quelques encablures de St Pierre et Miquelon. Le vent nous manque encore si proche de l’arrivée. Cependant, bientôt, très bientôt, nous arriverons à destination !

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